Off-courts 2020 – Ils l’ont fait !

Pour les 20 ans de l’événement (et sa 21e édition donc), l’équipe du Festival Off-Courts de Trouville est parvenue, malgré la crise sanitaire, à organiser son événement multifacette. Un véritable soulagement pour le milieu du court-métrage pour lequel ce rassemblement annuel est devenu un incontournable.
Samuel Prat et Émilie Moreault lors de la cérémonie d’ouverture de l’édition Off-Courts 2020. © Pierre Crépô

Il y a des éditions de festivals qui marquent les esprits, et assurément Off-Courts 2020 en fait partie. L’une des raisons à cet engouement est à mettre au crédit d’un sentiment de retour à la normale (alors que la Covid-19 est toujours bien présente).

« Ce qui nous marque, c’est un sentiment de retrouvailles avec les gens du court-métrage, et en soi c’est déjà fort ! » s’enthousiasme Claude Duty (réalisateur de nombreux films courts, mais aussi de trois longs-métrages), membre du jury.

Cette première victoire on la doit assurément à l’ensemble des équipes menées par Samuel Prat, grand organisateur d’Off-Courts : « Il faut être un peu fou pour organiser quoi que ce soit de public en ce moment, mais on ne se voyait pas baisser les bras malgré les nombreux obstacles, liés notamment aux mesures de distanciation à adopter. De plus, il faut souligner que la majeure partie de nos partenaires institutionnels et privés, dont France Télévisions, nous ont suivis », explique-t-il, tout en parachevant d’installer les derniers éléments de décor dans le village du festival. Off-Courts a en effet retrouvé pour cette édition sa place d’antan, juste à côté du port de pêche.

Et même si le pari était osé, la demande du milieu (professionnel et amateur) était si forte que le succès ne pouvait qu’être assuré. Seuls les étrangers, et en particulier les Québécois (habituellement très présents), n’ont pas pu se rendre sur les lieux.

 

Des labo Kino toujours en vogue

Les Kino sont des ateliers de réalisation de films très courts (moins de 5 minutes) qui ont vu le jour à Montréal, il y a de nombreuses années déjà. Le principe a été importé en France avec notamment la session organisée sur Off-Courts (avec un prêt matériel et un soutien logistique de Mangenelli Technology, Sony France, HP, Acc&Led, Xeen, Tapages et Nocturnes ou encore Adobe).

Ils étaient 160 cette année à participer à ces laboratoires de création. Parmi eux, toutes sortes de profils et d’ambitions. Si certains, comme le comédien (et organisateur d’un Kino à Porquerolles au mois d’octobre) Marc Andreoni, participent chaque année depuis près de 20 ans, pour d’autres c’est une première expérience, presque improvisée.

Elsa Houben, jeune comédienne belge de 17 ans, s’est rendue sur Off-Courts en compagnie de la réalisatrice Valérie Leroy, afin de présenter le film Teen Horses dans lequel elle joue. « J’ai découvert sur place l’existence de ces ateliers d’écriture et de réalisation, j’ai eu envie d’essayer. J’avais vraiment très peur le soir de la projection, mais tout s’est super bien passé. Je suis vraiment très contente de cette belle expérience », intervient-elle avec un large sourire.

Et c’est vrai que l’essai est concluant pour cette jeune fille pourtant totalement inexpérimentée, en termes de réalisation. « Les participants ont trois jours pour écrire, tourner et monter leurs films. Ils sont accompagnés de professionnels bénévoles. Chefs opérateurs, preneurs de son, maquilleurs, monteurs, staff technique… tous donnent de leur temps et de leur énergie pour aider au mieux ces “apprentis réalisateurs” », précise Thomas Lesourd en charge des Kino.

« L’esprit est à l’entraide, c’est pour cela qu’il n’y a pas de prix décerné à l’occasion des projections. Il ne doit pas y avoir d’autres enjeux que celui d’apprendre, d’échanger et de se faire plaisir en donnant le meilleur de soi », poursuit Virginie Lederfajn, également en charge des Kino. À noter que les chefs opérateurs ont à leur disposition des caméras Sony FX9, mais aussi une unité Venice qui vient de recevoir sa sixième évolution software.

 

Une compétition relevée

On aurait pu craindre, compte tenu de la situation sanitaire actuelle, que les films présentés en compétition, mais aussi hors compétition, seraient peut-être moins nombreux qu’à l’accoutumée, il n’en a rien été. « Nous avons reçu près de 25 % de films de plus qu’en 2017 année du record d’inscription. Il faut dire que depuis Clermont-Ferrand en février dernier, il n’y a pas eu de festival de court-métrage. Nous avons donc également plusieurs films qui n’ont encore jamais été projetés ou diffusés », précise Samuel Prat.

Quelque 146 films ont été projetés (hors projection des Kino) entre le 4 et le 12 septembre. Les différents jurys ont attribué 11 distinctions (lire plus loin). Pour Claude Duty, le niveau a été très élevé pour cette édition, tant sur la sélection française que québécoise : « Quasiment l’ensemble des films proposés étaient vraiment très intéressants avec de réelles découvertes de jeunes réalisateurs. Le film d’animation Souvenir Souvenir de Bastien Dubois, a particulièrement retenu mon attention. »

 

Un marché visité

Depuis 2013, France Télévisions remet un prix du jeune producteur. En 2020, la récompense de 15000 euros de préachat, à laquelle s’ajoutent 15000 euros de numéraire que le producteur peut utiliser comme bon lui semble, vont à deux sociétés : Quartett Production et Deuxième Ligne Films. Ces structures ont, comme le règlement l’exige, moins de six années d’existence. Ce prix professionnel rappelle que Off-Courts est aussi un lieu où l’on vient acheter et vendre des films.

« OSC diffuse une centaine de films courts de genre de moins de 17 minutes chaque année. Il est important pour nous de venir à Trouville. Comme nos confrères d’autres chaînes qui s’intéressent aux courts-métrages, nous venons à la rencontre des distributeurs et des producteurs pour découvrir de nouveaux talents. Nous préachetons une quinzaine de films par an. Nos tarifs vont de 100 euros/min pour un achat à 500 euros/min pour un préachat. Off-Courts est, je trouve, très complémentaire de ce que l’on peut trouver à Clermont-Ferrand », détaille Laurence de Bourbon, chargée des préachats chez OSC.

Salle de visionnages, lieux d’échanges, tout est mis à disposition des professionnels afin de faire vivre financièrement et faire circuler les courts chez les diffuseurs linéaires, les OTT ou encore dans les salles. L’édition 2020 a tenu une nouvelle fois ses promesses et cela malgré les nombreux obstacles. Bravo Off-Courts et à l’année prochaine à ne pas en douter.

 

3 GRANDES DATES D’OFF-COURTS

2020 : 20e anniversaire

2013 : Création du prix France Télévisions du Jeune Producteur

2007 : Développement du Studio Off-Courts et des Labos Kino

 

LES FILMS PRIMÉS EN 2020

 

PRIX DU PUBLIC (Vingt spectateurs choisis au hasard à chaque séance de compétition pour juger notre sélection 2020)

  • Motus d’Élodie Wallace

Prix du Public de la ville de Trouville-sur-Mer. 5 000 € pour un réalisateur français pour faire un film. Film d’ouverture du festival 2021.

  • CHSLD de François Delisle

Prix du public du casino Barrière. 1 500 € pour le réalisateur d’un film québécois.

  • Sticker de Georgi M. Unkovski

Prix du Public Europe et Francophonie – ADA Deauville. 1 500 € pour le réalisateur d’un film de la sélection Europe et Francophonie.


PRIX DU JURY (Jury composé de professionnels)

  • Finale de Stéphan Castang

Prix du jury meilleure réalisation France-Région Normandie. Prix décerné par le jury, d’une valeur de 3 000 €, pour la meilleure réalisation française.

  • Landgraves de Jean-François Leblanc

Prix du Jury Meilleure réalisation Québec-Le Central. Prix décerné par le jury, d’une valeur de 1 500 €, pour la meilleure réalisation québécoise.

  • Mathilde Panis pour son rôle dans Haut les pulls

Prix d’interprétation les cures marines de Trouville. Séjour de thalassothérapie (valeur de 2 000 €), meilleure interprétation pour un comédien ou une comédienne français.

  • Je finirai en prison d’Alexandre Dostie

Prix meilleur film Québec-Studio Élément. 15 000 $ en service de postproduction remis à un film québécois.

  • Physique de la tristesse de Théodore Ushev

Prix Spira de l’originalité de la proposition artistique. 10 000 $ de location d’équipements de tournage professionnels pour le réalisateur d’un film québécois.

  • Souvenir Souvenir de Bastien Dubois. Mention du jury.

 

JURY JEUNE (formé d’un groupe d’élèves de la section audiovisuelle du lycée Marie-Joseph-de-Trouville)

  • Irréprochable de Nathan Franck

Prix Office Franco-Québécois pour la Jeunesse. 500 € et un voyage professionnel au Québec afin de participer au Festival Regard pour le réalisateur d’un film français.

 

PRIX UNIFRANCE FILMS (Jury UniFrance)

  • Irréprochable de Nathan Franck

1 000 € au titre de l’aide automatique à la promotion d’Unifrance et 1 500 € de Titrafilm sous forme de prestations techniques de doublage, sous-titrage, fabrication de DCP et de DVD.

 

PRIX DE LA CRITIQUE (Jury du syndicat de la Critique Jury)

  • Souvenir Souvenir de Bastien Dubois

Mention spéciale à :

  • Teen Horses de Valérie Leroy

Prix honorifique, remis à un film français à l’issue d’un débat public modéré par Claude Duty.

 

Article paru pour la première fois dans Moovee #5, p.61/64. Abonnez-vous à Moovee (6 numéros/an) pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur intégralité.